Tomber dans les pommes

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Tomber dans les pommes
Photo : M. Cenali, Unsplash.
Par Pierre Blain, directeur général de la FSHEQ.

Y a-t-il un fruit qui a suscité autant d’intérêt que la pomme? Ève a-t-elle croqué la pomme? Si elle ne l’avait pas fait, qu’en serait-il aujourd’hui? Et si Hélène n’avait pas reçu de Paris la pomme de la beauté, la guerre de Troie aurait-elle eu lieu? De tout temps, on a associé la pomme à la civilisation et à son histoire. La pomme est LE fruit chargé de mystère et de symbolique.

UN PEU D’HISTOIRE

L’homme de l’époque du néolithique des plateaux d’Anatolie entre 5000 et 2500 avant J.C. a le premier cultivé des variétés comestibles produites par un arbuste – le pommier – apparu sur terre il y a plusieurs millions d’années. De ce coin du monde, la pomme a essaimé dans les régions tempérées de l’Europe et, beaucoup plus tardivement, du monde.

Les grecs l’ont cultivée et 300 ans avant notre ère, Théophraste dans son Histoire des Plantes distingue six variétés de pommes qui sont nommées dans l’Odyssée d’Homère sous le nom de « beaux fruits ». Les Romains quant à eux en développèrent une bonne trentaine. La pomologie, devient une véritable science à la fin du XVIe siècle. On en dénombre plus de cent variétés à cette époque, rien qu’en France!

Plus tard, au XIXe siècle, la pomme connaît un essor spectaculaire dans lequel la France joue un rôle éminent. Un véritable âge d’or de la création qui voit la pomme se multiplier sous forme de variétés toujours plus savoureuses, mieux adaptées à une large diffusion. Ce sont alors 527 variétés bien différenciées que le grand pépiniériste André Leroy décrit à l’époque dans son dictionnaire en mettant un peu d’ordre, au passage, dans une nomenclature bien peu rigoureuse.

Le travail de nombreux hybrideurs fera le reste : fruit de nombreux croisements et évolutions, la pomme peut aujourd’hui se prévaloir d’un éventail gourmand de six mille variétés réparties à travers le monde.

LA POMME EN AMÉRIQUE DU NORD

Le pommier n’est pas une espèce indigène en Amérique. La pomme fut introduite en Amérique avec l’arrivée des premiers colons. D’abord à Port-Royal, puis sur les rives du Saint-Laurent vers 1617. Enfin, elle a été implantée en Nouvelle Angleterre vers 1630.

C’est Louis Hébert, le premier apothicaire de Québec, qui aurait introduit la plantation des premiers pommiers. Il les aurait apportés de Normandie vers 1617. Par la suite, la pomme fait son apparition en Nouvelle-Angleterre vers 1630.

Depuis cette époque, la pomiculture s’est solidement implantée au Québec. En 1670, les Jésuites implantèrent des pommiers sur le Mont-Royal à Montréal. Le développement de nouvelles variétés mieux adaptées aux besoins du marché a maintenant supplanté celles qui avaient été introduites. Aujourd’hui, on compte plus de 500 producteurs. Nous traiterons des variétés du Québec dans un prochain article.

LES SAISONS DES POMMES

Au printemps, les bourgeons éclatent dans les branches des pommiers. Les feuilles s’ouvrent, des boutons de fleurs apparaissent à leur tour.

La pollinisation est nécessaire pour féconder les fleurs des pommiers et favoriser une bonne récolte. Elle est assurée par le vent, mais surtout par les insectes butineurs, comme les abeilles. Durant la floraison, plusieurs pomiculteurs installent des ruches dans leur verger pour favoriser la pollinisation. L’odeur des fleurs attire les insectes. L’abeille pénètre dans la fleur pour se nourrir. Le pollen colle alors à ses pattes et celle-ci, le transporte d’une fleur à l’autre et ainsi pollinise les fleurs.

Pendant l’été, les pommes grossissent et mûrissent. Les pommes hâtives sont cueillies à partir de juillet.

La plupart des variétés sont prêtes à cueillir à l’automne. Les pomiculteurs invitent les gens à se rendre au verger pour l’autocueillette.

L’hiver, les pommiers sont en dormance.

LES BIENFAITS DES POMMES SUR LA SANTÉ

« An apple a day keeps the doctor away » disait-on.

Plusieurs études ont démontré que la consommation régulière de pommes pouvait diminuer le risque de développer un cancer, notamment un cancer du poumon et un cancer colorectal.

Les fibres dans la pomme pourraient agglomérer une partie du sucre et du cholestérol ingéré et en limiter l’absorption par l’intestin grêle. Les pectines de pomme permettraient ainsi de réduire l’augmentation du cholestérol sanguin.

Des études ont également démontré que la consommation combinée de pectine de pomme et d’autres fibres solubles, en l’occurrence la gomme de guar et la gomme arabique, provoquait une baisse du cholestérol sanguin, en particulier du mauvais cholestérol (LDL cholestérol).

Grâce à sa teneur en fibres ainsi qu’à sa quantité élevée en quercétine, un puissant antioxydant, la pomme contribue à prévenir le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète et d’obésité et de certains cancers.

D’ailleurs, une étude a évalué l’impact de la consommation de fruits blancs tels que la pomme et la poire. Elle a montré que l’incidence des accidents vasculaires cérébraux était 52 % plus faible chez les gros consommateurs. Ainsi, la consommation quotidienne d’une pomme réduirait le risque de 45 %.

Dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée et d’un mode de vie sain, la consommation de pommes contribuerait donc à réduire le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète et d’obésité.

Les pommes du Québec sont un atout. Profitons-en!

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