Et ailleurs… y a-t-il des jardins communautaires?

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Et ailleurs… y a-t-il des jardins communautaires?
Photo : Depositphotos.
Par Pierre Blain, directeur général de la FSHEQ.

Les jardins communautaires existent partout à travers la planète. C’est devenu, au fil des ans, un mode de vie. Une incursion dans les villes de Paris, Lyon, Marseille et New York pour y découvrir les jardins communautaires, collectifs, partagés et familiaux.


PARIS

Et ailleurs… y a-t-il des jardins communautaires? - Paris
À Paris, les jardins partagés trouvent généralement leur place sur des parcelles de la ville. Photo : A. Kagan, Unsplash.
Les jardins partagés

À Paris, le jardin partagé est un espace vert cultivé et animé par les habitants. C’est un lieu de vie ouvert sur le quartier qui favorise les rencontres entre générations et entre cultures. Géré par des riverains regroupés en association, il facilite les relations entre les différents lieux de vie de l’arrondissement : écoles, maisons de retraite, hôpitaux.

Les jardins partagés trouvent généralement leur place sur des parcelles de la Ville de Paris mais ils peuvent aussi être aménagés sur d’autres terrains (bailleurs sociaux, Réseau ferré de France, etc.).

Comment prendre part aux activités du jardin?

Lorsqu’une personne ou une structure (association, école…) souhaite jardiner dans un jardin partagé, elle doit contacter l’association gestionnaire du jardin partagé. Les coordonnées des associations gestionnaires de jardins partagés sont disponibles sur Internet et sur le site de la Ville de Paris.

Comment créer un jardin partagé?

Le jardin partagé est créé à l’initiative d’habitants qui désirent jardiner ensemble dans un lieu convivial. Pour aider les porteurs de projet, le Centre ressource pour les jardiniers urbains anime des rencontres et des ateliers d’information.


LYON

Et ailleurs… y a-t-il des jardins communautaires? - Lyon
À Lyon, il y a une cinquantaine de jardins partagés. Photo : Unsplash.

À Lyon, un jardin partagé est un espace cultivable, implanté sur un terrain public ou privé. Il est entretenu par les habitants, pour leur propre bénéfice, par le biais d’un organisme gestionnaire.

Le jardinage partagé peut être :
  • en pied d’immeubles, quand il sont entretenus au bas des bâtiments de logements collectifs des bailleurs sociaux;
  • pédagogique, quand il sert de support d’activités éducatives pour les enfants;
  • collectif quand il géré en commun par les membres d’une association de quartier;
  • éphémère quand il occupe temporairement un terrain en friche;
  • d’insertion sociale quand ses récoltes reviennent aux familles précaires qui en assurent collectivement l’entretien;
  • le jardin est ouvert au public en présence d’un adhérent jardinier.

Une cinquantaine de jardins partagés sont apparus à Lyon. Un appel à projets, lancé en 2009 par la Ville, a participé à cette impulsion, en soutenant financièrement les associations gérant les jardins.

La pratique du jardinage, ainsi démocratisée, permet :
  • une meilleure alimentation;
  • un réel impact sur la santé des jardiniers;
  • un moral regonflé au contact de la « terre » et des autres;
  • un lien renforcé entre les habitants d’un quartier;
  • de contribuer au bien-être.

Les jardins partagés deviennent des lieux d’éducation à l’environnement. Ils permettent la sensibilisation au respect de l’environnement. Jardiner permet en effet de se familiariser avec certaines notions et de pratiquer :

  • la gestion des déchets;
  • la gestion de l’eau;
  • l’appropriation, le respect et l’embellissement des espaces extérieurs;
  • la préservation de la biodiversité.

MARSEILLE

Et ailleurs… y a-t-il des jardins communautaires? - Marseille
Marseille compte 80 jardins collectifs, 66 jardins partagés et 14 jardins familiaux. Photo : L. Calloch, Unsplash.

À Marseille, les plaisirs du jardinage ne sont pas exclusivement réservés à l’habitat individuel doté d’un lopin de terre! Les citadins peuvent aussi accéder à ce bonheur via les jardins collectifs.

Riche de 80 jardins collectifs, 66 jardins partagés et 14 jardins familiaux (près de 32 hectares au total), la ville de Marseille s’attache à offrir à tous les Marseillais des lieux de détente et de convivialité dans tous ses quartiers.

Jardins partagés

Un jardin partagé est un espace collectif dont s’occupe un groupe d’habitants d’un quartier, sur un terrain plus ou moins délaissé, un square oublié, un pied d’immeuble ou encore un espace en attente de projet.

Jardins d’agrément, jardins potagers, jardins pédagogiques, terrains de jeux ou tout cela à la fois, les jardins partagés favorisent les rencontres entre les générations et les cultures, réinventent les rapports entre voisins, facilitent les échanges d’expériences et de savoirs et développent l’esprit de solidarité.

Les jardins partagés participent à l’embellissement de la ville et au maintien de la biodiversité car la charte des jardins partagés marseillais, mise en place par la Ville en 2010, et dont les gestionnaires de jardin sont signataires, impose un jardinage respectueux de l’environnement.

La Ville de Marseille soutient les porteurs de projets qui s’inscrivent dans ce cadre en mettant à leur disposition des terrains, en effectuant des analyses de sol, en proposant un accompagnement méthodologique et une aide technique.

La charte précise ainsi la volonté municipale :

« La Ville de Marseille souhaite favoriser le développement des jardins partagés, c’est-à-dire fondés sur une démarche de participation et d’implication forte des habitants. Elle soutient les jardins partagés dans toute leur diversité : jardin collectif d’habitants, jardin pédagogique, d’insertion, ou toute autre forme de jardin qui est le fruit d’une création collective. Qu’il s’agisse d’un projet initié par des habitants, par une association ou par la collectivité, le jardin doit être conçu et réalisé en concertation entre la collectivité et la société civile ».

NEW YORK

Et ailleurs… y a-t-il des jardins communautaires? - New York
La ville de New York compte près de 600 jardins communautaires. Photo : T. Habr, Unsplash.

Nichés derrière un grillage ou une grille, planqués entre deux murs de briques, les community gardens (jardins communautaires) peuplent silencieusement les quartiers new-yorkais. Ce sont des parenthèses paisibles, des arpents poétiques perdus dans le tumulte urbain.

Le concept : ces jardins, créés sur des parcelles en friche, sont ouverts au public et sont gérés bénévolement par ses membres, des habitants du quartier. Ils représentent un espace où ces derniers s’adonnent aux joies du jardinage, mais aussi un lieu où le promeneur et même le touriste peut se ressourcer, se promener ou simplement rêvasser. Ces oasis vertes accueillent également, de temps à autre, des animations éducatives, festives, artistiques et culturelles. Il n’est pas rare de les voir se transformer en salle de mariage ou de concert à ciel ouvert!

Aujourd’hui, la ville de New York compte près de 600 jardins communautaires qui sont gérés par le programme municipal Green Thumb. Qu’il s’agisse d’un petit lopin de terre en plein cœur de Manhattan ou d’une vaste ferme communautaire dans le Bronx, ils œuvrent tous en faveur de l’amélioration du cadre de vie et ce, à plusieurs niveaux.

Ces espaces permettent, par exemple, de sensibiliser la population aux problématiques environnementales et écologiques, transmettent des valeurs de respect de la terre et de préservation de l’écosystème urbain : récupérer l’eau de pluie, favoriser la biodiversité, composter… Certains mettent ainsi en place des solutions innovantes, à l’instar du jardin Gil Hodges situé dans le quartier de Gowanus à Brooklyn. Rénové en 2013, il bénéficie d’un système de redirection du ruissellement des eaux fluviales depuis les rues vers le jardin (appelé « bioswale »), évitant qu’elles ne finissent dans les égouts ou ne se déversent dans le Canal de Gowanus adjacent, en cours d’assainissement.

D’autres lieux, tels que le jardin Campos, situé au cœur de l’East Village, ont fait de l’éducation des enfants leur priorité. La production de fruits et légumes est également une activité phare dans pas moins de 80 % des jardins communautaires new-yorkais. Tout ce qui est récolté est partagé au sein de la communauté ou bien vendu sur les marchés locaux. Parce qu’avant toute chose, ces îlots permettent de créer du lien social, de favoriser les rencontres conviviales entre habitants et de renouer avec l’essentiel : le partage et la solidarité,

C’est dans le New York des années 70, alors en proie à une crise financière, que l’idée de ces jardins communautaires a vu le jour. Les logements du centre-ville étaient délaissés, les immeubles abandonnés puis démolis, laissant place à de vastes terrains vagues non entretenus. C’est sans compter sur la détermination d’une artiste, Liz Christy et de son mouvement les Green Guerillas qui fait progressivement entrer la nature au cœur de la ville. Les premières opérations de végétalisation clandestine, entreprises dans le quartier du Lower East Side, consistent à lancer des bombes de graines (« seed bomb ») par-dessus les grillages de ces parcelles, y planter des arbres ou encore peindre du lierre sur les façades. En 1973, ces pionniers aménagent une zone en friche à Manhattan : le premier jardin communautaire est né! Le mouvement prend de l’ampleur et les jardins se multiplient à New York et dans toute l’Amérique du Nord. Ce fantastique patrimoine vert est depuis protégé par les Green Guerillas qui continuent d’œuvrer sans relâche pour réveiller les consciences écologiques des citadins et faire respirer la Cité.


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