Créer un jardin communautaire

Partagez!
>>> Menu Hortiquoi mai 2023
Photo : CDC, Unsplash.
Par Pierre Blain, directeur général de la FSHEQ.

De plus en plus de personnes réalisent l’importance de produire elles-mêmes leurs légumes par l’entremise d’un jardin communautaire. C’est la cuisine de proximité qui assure à plusieurs l’apport de fruits et de légumes frais.

Un jardin communautaire, ce n’est pas seulement un endroit où l’on cultive ses fruits, ses légumes, ses fines herbes ou ses fleurs. C’est aussi un lien de socialisation et d’apprentissage. C’est un endroit où l’on se garde en forme pour une meilleure santé car jardiner est un exercice sain et facilement accessible peu importe notre âge. On adapte son jardinage à notre forme physique.

Plusieurs municipalités ou villages ont mis en place le leur mais ils ne répondent pas toujours aux besoins de toute la population. Soit il n’y a pas suffisamment d’espaces soit l’aménagement n’est pas adéquat. C’est pourquoi, plusieurs personnes se regroupent pour en mettre un sur pied qui répondra mieux à leurs besoins. C’est ainsi que des personnes aînées peuvent avoir un jardin adapté à leurs besoins. C’est aussi le cas de personnes handicapées qui ont besoin d’un aménagement spécial.

Nous avons demandé à Sylvie Trépanier, de la Société d’horticulture environnementale des villes de l’Île-Perrot, une spécialiste dans ce domaine de nous guider pour mettre sur pied un jardin communautaire.

Selon Sylvie, le groupe qui veut se lancer dans l’aventure d’un jardin communautaire doit d’abord faire ses devoirs pour connaître ses besoins. Ainsi, par la suite, il pourra mieux les exprimer aux municipalités.

DÉFINITION

Commençons par une définition. Le jardin communautaire est aménagé directement au sol et est divisé en parcelles individuelles appelées jardinets. Chaque membre est responsable de l’entretien de son jardinet et est le bénéficiaire exclusif de sa récolte. L’entretien des espaces communs est la responsabilité conjointe de tous les membres. On peut ajouter des jardinets en bacs qui sont aménagés hors sol dans des bacs ou dans de grands pots. Ils répondent aux clientèles particulières.

La superficie nécessaire à un jardin communautaire

Il faut planifier le nombre de jardinets que l’on souhaite inclure dans un jardin communautaire. À titre d’exemple, voici la surface nécessaire pour 15 jardinets.

  • Grandeur idéale d’une parcelle : 20 pieds x 12 pieds
    • Faire 4 allées de 12 pouces dans le sens du 12 pieds
    • 4 pouces de terre
  • Grandeur du jardin
    • 3 600 pieds carrés
    • 15 parcelles x 240 pieds carrés = 3 600 pieds carrés

Il faudrait prévoir des pieds carrés en sus pour les espaces communs et l’accessibilité pour les clientèles particulières.

PLANIFIER SON JARDIN

Il faut aussi planifier l’aménagement comme tel du jardin en plus de se poser d’autres questions comme :

  • Comment amener l’eau vers les jardins
  • A-t-on besoin d’une clôture contre les animaux ou les vols?
  • Qui fera l’aménagement du sol…
    • les employés de la municipalité le feront?
    • trouver un fermier pour ameublissement?
    • trouver un fermier pour avoir de la terre comme commandite?

RENCONTRER SA MUNICIPALITÉ

Après avoir fait votre première analyse, Sylvie Trépanier propose que vous rencontriez une personne de votre municipalité, soit le maire, un conseiller municipal ou un fonctionnaire.

Elle a préparé une série de questions que vous devriez poser à votre municipalité si vous souhaitez mettre sur pied un jardin communautaire.

  • Quel est l’intérêt de la municipalité à un jardin communautaire?
  • Y a-t-il un terrain disponible pour un jardin communautaire?
  • Si oui, quelle en est la grandeur? Son emplacement? Serait-ce un prêt ou une location?
  • Faire un sondage d’intérêt? Chapeauté par la municipalité?
  • Quel support technique sera disponible? Garage municipal, l’eau, la clôture, le transport de certains matériaux.
  • Y aura-t-il un support financier de de la municipalité? À quelle condition?
  • Y aura-t-il une personne ressource en charge du jardin?
  • Planification chronologique (accès au terrain pour début des travaux?)
  • Possibilité : Eau de pluie du centre multi vers des réservoirs?
  • Projet futur pour une serre : permis?

BUDGET

Le budget est relativement facile à déterminer, une fois le terrain retenu et les plans du site établis : demander une subvention pour bâtir des bacs, acheter outils, autres besoins?

À part le nivellement du terrain (si nécessaire), l’entrée d’eau, le cabanon et la clôture (environ 3 000 $ pour l’eau (plus cher si puit) et à déterminer pour le cabanon et la clôture si les employés de la ville les installent).

On peut décider d’avoir l’électricité sur le site, de même qu’une toilette sèche, ce qui amène des coûts supplémentaires de frais de location. La toilette sèche n’est toutefois pas nécessaire si on en a à proximité un parc, une piscine ou un centre communautaire.

L’électricité est une arme à deux tranchants, surtout si le cabanon est suffisamment vaste pour y apporter un petit réfrigérateur, un grille-pain, une cafetière. Elle peut devenir intéressante pour brancher un déchiqueteur à débris de jardin. Encore là, si vous pensez participer à la collecte de déchets verts de la municipalité, le déchiqueteur n’est pas nécessaire. On voudra l’électricité sûrement pour l’éclairage d’un cabanon.

L’achat du bois pour construire les jardinets (on peut faire appel à une scierie pour avoir des planches non traitées (sablées, etc.).

L’achat de la terre et du compost est facile à calculer une fois qu’on connait les dimensions des jardinets.

L’acquisition d’outils de jardins communs : deux pelles, deux râteaux, une brouette, deux fourches, une grelinette (non essentielle), quelques conteneurs pour l’eau (si c’est la solution retenue), des arrosoirs, des adaptateurs et des bouts de boyau d’arrosage pour faciliter le remplissage des arrosoirs. On peut demander à des citoyens s’ils ont des outils à donner (déménagement, etc.) On peut penser à une subvention.

Plusieurs de ces achats peuvent être fait par la municipalité (remboursés par vos subventions). Certaines villes passent les commandes et on les rembourse, ce qui permet de faire une demande de remboursement de taxes lorsqu’applicable. Certaines villes remettent les remboursements de taxes, de sorte que l’on peut ajuster un peu à au budget.

CONCLUSION

Mettre sur pied un jardin communautaire est une bonne idée, à la portée des citoyens. Il s’agit de bien le planifier. La FSHEQ et les sociétés d’horticulture et d’écologie du Québec sont là pour vous aider!

Quelques jardins communautaires


>>> Menu Hortiquoi mai 2023